Au cours des prochaines semaines, Toast vous présente la vision de la créativité des collaborateurs et des employés de l’agence.

 

Quel est ton emploi?

Je suis concepteur, réalisateur et scénariste. J’ai aussi joué et animé…

 

Comment vois-tu ton évolution professionnelle dans l’industrie? Comment ton expérience variée est un atout?

Je ne saurais pas comment évaluer mon évolution professionnelle, mais je sais que mon expérience est vaste. J’ai travaillé beaucoup en comédie et en spectacle vivant. Aussi, je suis quelqu’un qui aime créer le contenu. Beaucoup de réalisateurs sont bons avec la technique. Pour ma part, je pense que je suis pas pire avec la conception du contenu et avec l’humain. Et que je suis très créatif.

 

Préfères-tu être devant ou derrière la caméra et pourquoi?

J’aime les deux, mais je préfère être derrière la caméra. Je pense que c’est une question de tempérament. C’est épuisant incarner « l’image » d’un projet et de devoir composer avec le regard des autres sur soi. Je dis souvent que je préfère être le créateur plutôt que la créature, mais dans certains cas, je me prête au jeu avec plaisir.

 

Quels sont tes plus récents projets derrière la caméra?

Il y en a plusieurs. Je développe plusieurs projets de fiction pour la télé ou le cinéma en tant que scénariste/réalisateur. J’ai récemment travaillé sur « Le monde est petit » pour Toast, une série de capsules d’information qui cherche à vulgariser l’actualité pour les 6-8 ans. J’ai également réalisé une campagne de publicité pour la SAQ en collaboration avec l’émission « Like moi ».

 

C’est quoi ta définition de la créativité?

Pour moi, la créativité c’est l’aptitude de passer par un nouveau chemin, pour résoudre un problème. Sur le coup, ça fait mal, personne n’aime ça et on a peur. Mais quand ça marche, c’est gratifiant parce qu’on a le feeling d’avoir inventé quelque chose.

 

Comment la créativité fait partie de ton travail?

Je dois tout le temps essayer de créer la meilleure façon de transmettre une information à un auditeur. L’information peut être légère, par exemple le punch d’une blague ou très complexe comme une question morale qui soutient toute une série. Ça demande de la technique, de la sueur et un bon lot de créativité. Il faut trouver la bonne forme pour adresser le message.

 

Ton truc à un aspirant (storyteller, réalisateur, animateur, créatif, etc.)?

Je n’ai pas tellement de trucs à donner. Au cours de mes expériences, j’ai pris conscience de l’importance de s’instruire et de faire confiance aux gens qui sont meilleurs que nous dans certains départements. Également, si on arrête d’essayer de grandir pour faire mieux, on se rend directement à notre perte. Finalement, il faut persister sans relâche et faire confiance en son instinct.

 

Quel trait de caractère faut-il absolument détenir pour réussir dans ton métier?

Aucune idée. Je ne pense pas avoir réussi dans mon métier. On s’en reparle dans 50 ans.

 

C’est quoi pour toi une bonne histoire? Où sont les opportunités de bons contenus?

Une bonne histoire, c’est une histoire qui nous touche, qui nous fait grandir et qui témoigne adroitement de l’expérience humaine. Une histoire, par définition, ça bénéficie aussi d’une certaine architecture. C’est structuré et le raconteur doit toujours avoir une longueur d’avance sur son auditeur.

Je pense que les bonnes histoires sont souvent trouvées là où on a eu très mal ou là où on a ressenti beaucoup de fun, de colère ou d’indignation. Dans ces zones-là. Surtout en comédie.

 

Comment trouve-t-on un bon personnage?

Dans une histoire, un personnage c’est une idée. Ça incarne quelque chose. Le personnage naît de l’histoire et l’histoire naît du personnage. C’est un élément mécanique, il faut le moduler en fonction de ce qu’on veut dire ou de la façon dont veut raconter.

 

Quel est le contenu que tu aimes le plus consommer pendant ton temps libre?

Des films, des séries, des romans, des bandes dessinées et des podcasts documentaires. J’adore aussi les documentaires filmés et les émissions de radio. Les pièces de théâtre et les matchs de sport, aussi.

Des suggestions:

La série « Fargo » inspirée du film des Coen Brothers et la TRÈS ÉTRANGE et très touchante mini-série « P’tit Quinquin » de Bruno Dumont.

« This American Life », sans doute une des meilleures sources de contenu que j’ai eu la chance d’entendre dans ma vie. Une émission provenant de la radio publique américaine qui existe depuis 20 ans. Extraordinaire. Des documentaires audio d’une qualité exceptionnelle.

Le podcast « Revisionist History » de Malcolm Gladwell: du beau gros fun.

« Le plongeur » un roman de Stéphane Larue très TRÈS réussi.

La bande dessinée « Habibi » de Craig Thompson. Une réflexion merveilleuse sur la foi musulmane racontée en s’inspirant de la forme de « Les mille et une nuits ».

Le film  « The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford » d’Andrew Dominik. Un de mes films préférés avec « The Big Lebowski » et « Un Prophète de Jacques Audiard.

 

Vision de l’avenir en contenu…

Le volume de contenu disponible a explosé dans les dernières années. J’espère que le prochain défi est de développer des stratégies pour produire du contenu de la plus grande qualité possible. Du contenu plus audacieux, plus niché, qui s’adresse à des « superspectateurs ».

 

Pourquoi le contenu de marque a sa place?

Je pense que c’est une question qui n’a pas vraiment à être posée. Un contenu a sa place tant qu’on se donne la peine de bien le créer, qu’ils soit artistique ou artisanal. Faut juste qu’il soit bien produit, pertinent et positif. Mais je ne placerais pas une démarche artisanale en hiérarchie avec une démarche artistique. Ce sont deux démarches qui remplissent des fonctions différentes.

 

Un truc pour ne pas faire du contenu plate? C’est quoi l’ingrédient de base?

Le temps. C’est frustrant, mais il faut du temps et de la préparation pour créer de la qualité.

Aussi, il faut prendre des risques et laisser les créateurs faire leur travail sans essayer de les contrôler abusivement. Un des grands problèmes des métiers créatifs, c’est que tout le monde se croit capable de les pratiquer. Dans les faits, très peu de gens sont en mesure de les faire convenablement.

En tant que créateur, il faut penser à ceux qui vont « consommer » notre contenu. Une erreur classique: croire qu’un contenu nous a fait vivre de grandes émotions à nous va nécessairement susciter la même réaction chez l’auditeur.

Enfin, il faut être sans merci quand vient le moment de l’édition. Aucun élément superflu ne devrait trouver sa place dans le contenu final.

 

Comment faire du contenu original, jamais vu?

Aller là où on a peur d’aller et s’inspirer de ce qui fait vibrer le monde au moment de la création.

 

Anecdote de ton travail avec Toast?

David, un des associés, sort avec ma première patronne montréalaise. À l’époque, il y a 15 ans, elle m’avait engagé comme barman au Théâtre de Quat’sous, alors que j’étudiais à l’école de théâtre.

J’ai rencontré Ian Quenneville, un autre associé, alors qu’il visitait un studio dans lequel je travaillais avec sa blonde et deux de ses filles et j’avais discuté longtemps avec sa grande adolescente.  Une bonne grosse discussion « deep ». Un an plus tard, par hasard, je me retrouve à travailler pour lui, chez Toast.

Ève Tessier-Bouchard, une autre des productrices a aussi travaillé sur la première émission dans laquelle j’ai joué il y a dix ans. Elle m’a donné ma première chance en télévision!

Finalement, Xavier Dufour-Larouche,  un des assistants de production a étudié en même temps que moi à l’Inis. Même cohorte.

Some things are meant to be!!!

 

Quel réseau social préfères-tu?

Ouf… Je suis fan d’aucun réseau social. Je dirais: mon club de lecture.